Lee Ufan _ Un art de la rencontre

 

 

 


Entre deux personnes, qu’elles soient amantes ou non, la communication se fait moins par les mots que par les résonances physiques mutuelles ; ainsi le dialogue peut-il avoir parfois la densité du secret.
Un échange de mots dénué de résonance physique et de mystère ne saurait être considéré comme un dialogue. Un beau dialogue est celui où les mots viennent à manquer et où la communication a l’éclat du mystère.

Il en va de même pour les formes visuelles telles la peinture ou la sculpture. Une œuvre est fastidieuse si elle a la parfaite nudité du discours tenu à un public général. Elle doit être la partenaire d’un dialogue vivant.

Quand une relation fondée sur la résonance physique se noue entre l’œuvre et le spectateur, le dialogue se teinte de secrets.


Certaines œuvres cèdent à la généralité, sous prétexte qu’elles s’adressent à la masse anonyme, et deviennent pauvres en résonances physique. D’autres sont dénuées de mystère. De telles œuvres il ne résulte non un dialogue mais des jeux de mots insignifiants.


L’infatuation qu’il y a à vouloir anticiper les mots est aussi pesante qu’est arrogante la transparence des mots conçus pour la foule. Ce n’est pas dans le monologue ou le prêche, mais d’abord dans le dialogue, que l’œuvre apparaît comme un intermédiaire. Je veux qu’un silence pareil à un espace de résonance se déploie entre l’œuvre et le spectateur.


 

 

 

 

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