Jean-Pierre Le Goff
Le geste demeure suspendu, ne nous arrivent plus ces lettres à l'écriture bleue et fine qui me faisaient rêver, les mots perlés, les chants de pies voleuses, le cachet de la poste ne fait plus foi. J'attends encore et relis tes mots, petits papiers colorés. J'ai rangé le crayon vert, le rayon vert, la lettre à Herman Melville, les plumes de pies. Bartleby le scribe m'accompagne encore, compagnon fidèle. J'ai le regard triste au son de ta voix, hier au soir ; j'espère que le courrier te suit, je veux t'envoyer encore des images de rien que tu regarderas peut-être.
De toi, je garde le poids de l'âme, la route des colonnes, la quête des étoiles, la volonté et la persévérance, tant de rencontres de hasard, ta présence, ce long imperméable beige, et mes maladresses encore. Locus solus, la Banalise disais-tu. Jean-Pierre a décidé de ne plus écrire, de ne plus marcher, de ne plus semer ses mots aux quatre coins de ses amitiés, fussent-elles de pierre. Il n'enfile plus de perles de rosée sur des fils d'anges nés de sa poésie. Il vit ailleurs en silence, retiré, il a juste dit - téléphone-moi de temps à autre pour me donner des nouvelles.
1 De Cependant ... -
"Cet acharné contradicteur qu'est le silence. " En Docimasie, Patrick Wateau.
2 De saint pierre -
constater aussi peu de commentaires à ton billet me surprend énormément ! ;)
3 De p-y -
Peu auraient les clés ?
4 De sandrine -
n'hésitez pas a vous équiper d'un lexique wow, j'ai du mal � comprendre, j'avoue :) en tout cas merci pour ce billet intéressant ! c'est toujours sympathique de passer sur ce blog :)
5 De aseroe -
Trois instants surgissent ce matin: le photographe John Batho me téléphone "connaissez-vous la banalise?"; puis une lettre violette, devenue marque page pour "Mardi" de Melville, tombe avec l'ouvrage d'une tablette où le livre était en équilibre; enfin, un couple de geais du chêne, dans un frêne, devant ma fenêtre, criaille "le goff, le goff"...
6 De p-y -
Oui, proches ... John Balto, une superbe exposition au Musée Niépce, ces grandes photographies blanches diaphanes, une vidéo de visages flous des buées sur les vitres d'autobus, et l'équilibre à maintenir sans fin, fil ténu. Quelque chose noir pas très loin sur l'étagère, Jacques Roubaud vit ...