emblave d'obscur [ et perdue ]










Emblave d'obscur   _ et perdue _






Marie Gayet a creusé ces mots, les retournant à plusieurs reprises pour en extirper un sens qui échappait.


Emblave est à écouter dans sa résonance. Par rapprochement phonétique, il donne enclave, entrave. Creuser le m, le b, le v car emblave coule et ruisselle là où enclave contient et force. C'est un mot rustique, un mot concept.




Je voulais ici nommer, 'Emblave d'obscur', mots clés, ossature à la pensée qui a généré gestes et paroles qui occupent l'espace.











A Rochejean, dans l'église, les deux confessionnaux accueillent ces paroles. Celles de Caroline Sagot Duvauroux, entre confidence et confession disent un texte fort, interrogent la sérénité, parlent de résistance, de nous, de l'autre, de ce rapport intranquille qui permet quelquefois à l'art de s'exprimer, d'exprimer une pensée. Sans l'autre n'être rien, ou si peu.




Exprimer, c'est expliquer ses pensées, descrire bien quelque action. Les Orateurs doivent s'exprimer en beaux termes, clairs, nets & choisis. Un Peintre exprime avec des couleurs les passions que le Poète exprime avec des paroles.

En termes de Physique,' Exprimer' signifie : Tirer le jus de quelque substance.

Présence d'Abd El Krim, nos petitesses soulignées. Et rien n'aurait bougé ?




Le second texte dit les errements et les questionnements nés d'échanges et d'émotions partagées, retournement des mêmes termes. Les voix ne diront rien des écarts nés au fil du temps, que le dialogue répare doucement.
Chaque matin Lucas Condamine écrit quelques mots, la présence de Saint Jean de La Croix incarcéré l'accompagne.
L'un dit sans doute un dieu, l'autre dit le doute. Le doute comme une insurrection ?




D'autres voix amies lisent un même texte modifié par les respirations et hésitations de qui s'applique à dire bien un non connu. Lieux clos aux rares angles de ciel ouvert, lieu de parole contrainte.




Beaucoup ici parle de l'autre, de son écoute. La distance nait de l'appropriation du geste, de la réplique ; sens qui échappe, et dirait un ailleurs.











La matière retient l'attention, prend sans doute trop d'importance, séduction attractive, l'enveloppe retiendrait l'esprit, même vide jetée au sol ... Empreinte, réplique. S'approprier le geste, se réfugier et se rassurer en retrouvant des rituels perdus, de ceux qui redonnent un sens particulier à l'objet profane ...

Peau au sol, empreinte dé posée, jetée, et perdue. En un autre lieu serait-elle ?












Certains gestes d'appropriation (me) perturbent et interrogent. Aurais-je été là alors que je me perdais ...

Cela m’a par ailleurs beaucoup surprise de voir à quel point le public s’empare des objets et les déplace.











Marie écrit encore ceci.

C’est beau de jouer sur le titre, à l’écrit, ( et perdue ) se lit comme une recluse.

À l’oral s’entend passionné.

Une forme de fièvre ou de ferveur que je crois lire sur le néon,

D’abandon.

Ce qui se joue dans le confessionnal









Je pensais à l'autre, avoir abordé l'église comme un lieu d'asile perdu, maintenant qu'à nouveau la force brutale sait violer la porte un temps rassurante. Temps perdus.

Simplement avoir tenté une relation entre l'espace, l'histoire du lieu, et quelques gestes pensées qui nous travaillent, instants d'un autre calme possible, l'émotion profonde de qui sut écouter rassura.

Il y a présence m'écrit l'amie lointaine. Mais laquelle et où ? Simple fragment de rencontres, inspirer est simple respiration. Repartir, il ne s'est pas rien passé.













Caroline Sagot-Duvauroux, écrivain et poétesse, vit à Crest.

Marie Gayet, commissaire d'expositions, vit à Paris.

Lucas Condamine, ami, vit à Salmaise.

L'abbé Furetières a rédigé un dictionnaire vers 1500.

Abd El Krim a longuement résisté lors de la guerre du Rif.



















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