déserrance _© pierre-yves freund






Déserrance _ février 2011 _ Galerie Lillebonne, Nancy




Le regard va naturellement d'une pièce à l'autre, de l'effondrement à la tentative de tenir debout.
S'accrocher.
Je voulais une fluidité dans l'espace.
Aux murs, dix photographies, mémoire de lieux où j'ai marché certaines nuits.
Il n'y a pas addition, il y a un tout.
Aucun geste n'est nommé, tout a un nom, l'ensemble est ici déserrance.
Le processus fait le plus souvent partie de la sculpture.
L'instant où le regard s'arrête est témoin d'un passé et d'un devenir, temps suggérés, non imposés.
Les formes portent les marques de leur élaboration, de leur transport, de leur vécu; l'effondrement, l'éclatement, l'instabilité des pigments, l'évaporation, le temps...
Chaque pas modifie la lecture, espèces d'espaces.
Mais pourquoi sans cesse ce besoin de mots pour justifier, une crainte encore demeure?
Être ici ou là n'efface rien de ce que l’œil ne cesse de perdre.
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Formes émouvantes qui se donnent à voir alors qu’elles sont - arrêt sur image - semble-t-il encore en formation.
Comme le cocon que l’on aurait ouvert entre chenille et papillon.
Il en résulte pour le spectateur cette sensation d’être en présence d’une chose à la fois précieuse car essentielle et fragile, qu’il ne sait pourtant nommée.
Une fragilité qui s’affirme cependant comme prenant sa place dans un tout, par la répétition du geste et l’envahissement d’un espace : un espoir de stabilité et d’existence possible.

Le travail de P-Y Freund nous emmène dans une mémoire archaïque d’avant la forme, d’avant le verbe - terrain vague, confusion, constitution à venir des choix et des pertes -.
Il est question d’élaboration primaire, de processus, de constitution du lien entre sujet et verbe… la phrase est promesse.
En attendant cela existe, trouve son territoire et se moque de (du) nous.


Evelyne Farges Uldry

Rien est calme, je tente des gestes de sculpture, de photographie, c'est étrange, je relis sans cesse et plus que d'habitude des gestes que j'ai déjà commis (commettre un geste, j'aime cette expression), est-ce de ne pas avoir assez travaillé, ou est-ce un besoin d'accentuer ce désir de dire et redire sans fin une même chose, en divers endroits ?
Est-ce le moyen de permettre à de nouveaux gestes de naître, si proches et si différents, mais non, similaires à ceux qui furent, et seront peut-être, mais pas encore las d'eux.
Je vous dirai.
Je suis un peu pris par le temps. Ce retard, est ce que je l'ai désiré ?