© entre-deux _© pierre-yves freund






Entre-temps _ Galerie du Granit, Befort, 90 _ mars 2011

Pierre-Yves Freund et Blanca Casas Brullet ont en commun d’avoir déjà exposé à la Galerie au cours de la saison 2002/2003.

Il a fallu le temps et l’attention continue portée au travail de chacun pour que naisse l’idée d’un projet d’exposition « entre-deux ».

Le temps que s’immiscent des interférences contrastées ou ténues autour de l’intuition des traverses possibles, sinon manifestes, entre leurs œuvres.
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Blanca Casas Brullet

Les Esborralls, ce sont d'abord une série d'origamis de formats variables longuement, patiemment élaborés par pliage avec des gestes répétés, systématiques, qui cependant au premier regard peuvent faire illusion en ayant l'apparence d'objets-rebuts, qui seraient issus de gestes aussi contradictoires que définitifs ceux de froisser, d'exclure, d'éliminer.










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Pierre Yves Freund travaille sur les notions de trace, d'empreinte, avec le hasard de lieux, de rencontres, le prélèvement et l'appropriation de matériaux. A travers ses photographies et ses sculptures, il est question de geste, de fragment, de recommencement, de réminiscence, d'affleurement.

L'artiste introduit parfois la mise à l'épreuve du geste unique, l'équilibre possible –qui ne tient qu'à un fil– entre un volume de plâtre et le sol, parfois encore il aligne sur le sol des sculptures organisées en séries plus ou moins semblables issues d'un même moule et enfouit des mots dans le plâtre. Laissant souvent au temps l'action de son empreinte, il utilise aussi le thé, la lumière, la température comme éléments actifs de ses dernières sculptures.

L'artiste a une approche devenue «classique» de la sculpture. Au cœur de sa pratique réside une prise en compte du temps qui induit des processus de réalisation et une syntaxe exigeants: la répétition d'un même geste (jamais à l'identique), l'économie de moyens, le prélèvement d'éléments de l'environnement proche.

Ainsi Les Lauzes, ayant pour origine une pierre choisie et ramassée lors d'une résidence en Ardèche, puis moulée et multipliée; ainsi le Grand bâton, relecture d'un outil d'architecte, ou la Non Nommée, volume né d'une empreinte d'un emballage industriel.

«Je n'invente rien, dit Pierre Yves Freund, je m'approprie et relis avec des moyens volontairement réduits. Le plâtre, sous toutes ses formes, polymère ou basique, la cordelette pour les liens, le pigment qui s'estompe, l'écriture perdue, le temps, les blessures portées à l'objet, heurts et imperfections, je me souviens que cela fut. L'objet n'est pas parfait, il tendrait à l'être.»

Essentielle, la mise en espace (en place) l'est également car mise en relation à l'architecture du lieu, le "relatum", "Ce ne sont pas les choses qui existent, ce n'est pas le monde qui existe, c'est le rapport entre eux"(Ufan Lee).


Monique Chiron, directrice de La Galerie du Granit.