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parole [d] éteinte

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parole [d] éteinte_© pierre-yves freund

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Avril 2023

L’œuvre de Pierre_Yves Freund s'apparente à une méditation sur le très peu et le lien forme/pensée/forme.

Son travail interroge plus qu'il n’affirme.

Ses prélèvements de matériaux dans la nature ou dans la ville, lors de ses marches, sont des suspensions de temps destinées, dans un espace géographique donné, lors d'une exposition, ou dans le secret d'une déposition imperceptible dans un torrent ou dans un bois, à transformer l'espace à partir du geste d'intervention.
Le moindre déplacement/replacement est une façon d'affecter le tout.
Ses sculptures, ne dédaignant pas l'apport du classicisme, tremblent entre le dérisoire et l'abouti.
La démarche est d'une méticulosité ascétique ouverte paradoxalement au processus du hasard.
Inassimilable socialement, l’œuvre de Pierre-Yves Freund produit, entre résistance des matériaux et sensation de mutabilité, une impression d'ailleurs, telle une entaille dans l'ordre de la réalité.

Après ces journées à regarder Pierre-Yves progresser dans cette installation, me vient l'idée de dire, un peu à la manière de ce que disait Jean Genet de Giacometti que ce que j'aime c'est le regard qu'il porte sur les choses et les êtres, parce que ce regard n'a rien de convenu, fait fi de l'attendu, renonce à tout désir de séduction, et n'a qu'une intention : tendre vers un essentiel, toujours remis en question, toujours à rechercher. (Jacques Dupressy)

L'artiste ménage un espace de rencontre avec l’œuvre, dispose un mi-lieu, une zone de passage à balayer des yeux, faite d'écarts, d'espacements, de vides : il sépare, relie, installe une respiration, une fluctuation, mettant l'esprit en suspens, comme dans un jardin zen.

Il évoquera aussi ce ' rien ' qui dans un angle de la galerie aimante le regard, la morsure et l'épanchement du rien qui se creuse et s'ouvre sur l'essentiel, un peu comme parfois un visage se creuse de ce ' petit rien ' qui dit tout de la singularité d'un sourire et d'un mystère.

Pierre-Yves Freund poursuit une œuvre rare et exigeante dans la voie de l'Arte Povera, travaillant dans le dénuement des formes une affinité imprévue entre le regard sur les choses et les mots qui en sont comme l'échancrure.

Georges Quidet _ HCE Galerie

Mars 2023

Couler du plâtre. En soi déjà les termes éveillent l'image. Le gâcher. En des formes de fortunes faites de morceaux de bois ou de métal qui reposent en l'atelier, à portée de main ou de regard. Marcher encore, découvrir d'autres possibles. Le plâtre donc ; couler dix mêmes formes, ou cent, ou mille, toutes semblables et jamais identiques, le geste répétitif (me) rassure. Ranger l'atelier, balayer, redécouvrir quelque geste ou objet un peu oublié. [re] garder. Ou pas. Faire le vide. Douter. Sauvegarder quelques mots, qui souvent résonnent un instant. Silence hurlant. Emblave d'obscur. Écrire et perdre dans une gangue de plâtre sali de noir, de thé ou de blanc. Empreinte de paume, lignes de vies en creux, mémoire refuge, demeure de poche.
Soigner la fissure née d'un fer rouillé qui se détache, d'un basculement, tentative d'équilibre. Fissure de lumière, rouge souvent, ou bleue. Cela creuse, émerge, le bleu profond, et le rouge blesserait. Petits espaces, offrande de peu. Rien d'autre au matin.
Penser l'espace, quand à un moment faire résonner les formes en écho aux murs, à l'architecture, à la mémoire du lieu. Qu'importe le lieu, il est. Tenter cela. Demeurer intime.

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